Bienvenue

Dans le dictionnaire des injures de Robert Edouard, il est très justement écrit qu' "un con, ce peut être indifféremment quelqu'un qui nous marche sur les pieds, qui déraisonne, qui s'exalte pour rien; qui passe sans nous jeter un regard ou qui nous dévisage avec insolence...". En ce sens on est tous le con de quelqu'un. Mais à mon humble avis, il y a des cons qui possèdent un talent inné, qui puisent quotidiennement une énergie insoupçonnée à étaler complaisamment leur ignorance sur d'innocentes cibles, souvent faibles et dépourvues de suffisance, arme de prédilection de la connerie.

Sinistre sot ou pourfendeur de cons, bienvenue à toi.

mercredi 15 décembre 2010

De la différence.

"Il faut arrêter de prendre les gens pour des cons, il y a assez de cons qu'on prend pour des gens"

[Guy Bedos, Revue de presse, 1976]


Etre différent soulève un problème existentiel quant au site qui vient d'être mis au monde "mort aux cons", suppose même être une des sources de la connerie. La différence, perceptible chez l'humain plus que dans toutes espèces confondues, n'est tolérée d'aucune sorte. La preuve en est: nous avons des codes, des conventions, et toutes sortes d'écrits formatant l'Humain sous une seule et unique catégorie. Bien entendu la convention et la loi exigent que nous les transgressions, et c'est le cas pour certains humains, qui défient et dénigrent tout formatage. Même s'ils n'en sont pas directement les responsables. Mais, être différent est un crime, il est dans le gène humain de réfuter toute anormalité (dans la mesure où la normalité, c'est lui). C'est de là que découlent le racisme - que je nommerais plutôt l'ostracisme, car le mot en lui-même sous-entend qu'il y a hiérarchisation des races -, et les discriminations sur critères sociaux et physiques (sexe, couleur de peau, situation de handicap) comme on s'emploie poliment à le dire. L'ostracisme envers les cultures, la couleur de peau (les ethnies par conséquent), des religions (La Découverte de l'Amérique en en est l'un des illustres exemples), envers la Différence, est une sempiternelle lutte à laquelle aspirent les plus puissants. La pensée unique acquise par les sociétés modernes les plus développés n'en est qu'un modeste aperçu, fustigeant et récusant à son tour toute disparité, toute dissemblance avec l'idéal inculqué par leurs semblables. L'humain a peur de la différence, ce qui le place certainement bien au-dessous (sinon au même rang) des animaux les plus barbares et primitifs qu'il y eût existé sur Terre, à la seule différence que la majeure partie de sa perte vient de lui-même (génocides, croisades, guerres), et ce pour ce même motif, la différence. De sorte que cette peur, se généralisant par des moyens de masses, va grandissant, se démocratise, se libéralise, se décomplexe, et se propage sans une once de retenue. Cette variété de cons, vous le comprenez peut-être, est dangereuse, car prolifère, telle la peste, dans une lutte illusoire contre l'autre, ses pairs en l'occurrence, dans l'espoir de demeurer la seule espèce "normale", afin de pouvoir procréer, comme l'avait sans nul doute rêvé le regretté Adolf H., en toute tranquillité, entre con(s)génères. Je vous fais alors peut-être peur en vous annonçant en quelque sorte l'éradication de toute espèce "défectueuse", mais le point positif c'est qu'une fois passée cette étape, il ne restera plus qu'à trouver une autre différence, une autre normalité, après quoi le con disparaîtra à son tour. Bon, me direz-vous maintenant, la victoire définitive du con, c'est un peu pessimiste, non?
Certes, pour être pessimiste, c'est une conclusion inévitablement (et inéluctablement) malheureuse, mais comme dirait l'autre, il faut résister, face à l'occupant. D'aucuns retournent cette phrase comme ils l'entendent, mais c'est bien au con qu'il faut résister, et non l'inverse. Bref, aucun pessimisme radical, mais plutôt une lucidité sans équivoque face à une masse grouillante de cons prêts à tout pour éradiquer de la surface de la Terre ce que j'appelle la Différence. Un mot qui donc viendrait à disparaître, qui sait, du Larousse de l'Edition de l'année 2400 (voilà un brin d'optimisme). Le paradoxe de ce refus de la dissemblance c'est que par la même occasion, luttant pour ne pas être comme eux, je réfute moi aussi toute dissemblance. Étant en minorité, je m'abstiendrais donc de m'attribuer le même qualificatif que j'employais à leur égard.

mercredi 1 décembre 2010

Le juste con.

"La société de consommation porte mal son nom, car un con ne fait généralement pas de sommation avant de dire une connerie en société"

[Marc Escayrol]



TF1, 19h00, le moment pour toutes les familles d'admirer la sottise dans toute sa splendeur. Place aux seins siliconés et filiformes, aux blondes platines et aux sourires figés, aux joueurs sinon extravertis (pour les plus sages) du moins sur-excités (pour les plus déphasés). J'ai bien sûr nommé "Le Juste Prix", présenté par l'insipide Lagaf', qui puise sans doute tant d'allégresse dans les réserves de poudre offertes par la maison. Bienvenue dans la société vue par la télévision.

Vous ne connaissez pas le but du jeu? Rassurez-vous, il est simpliste! Oui, TF1 pense à toutes les ménagères de moins de cinquante ans, ainsi qu'au (très) jeune public, réduisant au maximum toute difficulté de compréhension. Gagner des objets de valeur, des appareils photo numériques, des voyages, mais encore des voitures (pour le mari), des aspirateurs dernier cri (pour la ménagère) - oui, tf1 pense à toute la famille! - , en somme tout ce qu'il y a de plus banal. L'inaccessible, voilà qui fait rêver, de bons petits produits de consommation, aussi ostensibles que possible.

Sur la plateau se joue, dans un suspense à peine soutenable, le sort de Cindy, Geneviève, Chantal, blonde à forte poitrine, mère de famille, ou grand-mère modèle, bref des candidats pré-sélectionnés au hasard lors des castings. Des jeux plus ou moins futiles se succèdent, jusqu'au moment fatidique, où Cindy, la blonde sexy, doit deviner une somme, celle qu'elle remportera (sans quoi elle perd, c'est-à-dire qu'elle ne gagne que 1000 euros). Et à ce moment, où quelques personnes censées se demandent ce qu'elles foutent à regarder voire soutenir un abruti qui gagne ce qu'elles ont à la sueur de leur front en cinq ans, les bonnes petites familles françaises, elles, contribuent allègrement au succès de l'émission, espérant un jour s'y trouver. Bien entendu, 99,99 % d'entre eux pourront continuer d'espérer, mais s'en retourneront à leur activités emplis d'espoir, de rêves inaccessibles, de désirs inassouvis, du reste, de conneries insoupçonnées. Aussi ma curiosité envers les cons m'incite-t-elle à me demander ceci: "quel est le juste prix d'une telle connerie?"